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L’IA générative : un frein ou un tremplin vers des emplois de qualité ?

  • 26 mai
  • 3 min de lecture


Le monde fait face à une crise de l’emploi des jeunes, notamment chez les diplômés de l’enseignement supérieur. Alors que les inscriptions universitaires ont triplé depuis 1990, passant de 14 % à 42 % en 2022, le marché du travail peine à suivre. Ce décalage entre formation et opportunités professionnelles génère frustration et précarité. En 2023, un jeune sur cinq dans le monde n’était ni en emploi, ni en études, ni en formation. Les femmes représentent les deux tiers de ces jeunes inactifs. Aux États-Unis, plus de la moitié des jeunes diplômés occupent des postes ne requérant pas leur niveau d’études.

La situation est encore plus alarmante dans les pays en développement. Dans les économies à revenu faible ou intermédiaire inférieur, plus de 20 % des diplômés de moins de 30 ans sont au chômage — un taux plus élevé que celui des personnes moins éduquées. En Afrique subsaharienne, près de 75 % des jeunes adultes de 25 à 29 ans exercent une activité précaire, souvent informelle ou temporaire. Au Maghreb et au Moyen-Orient, un jeune actif sur trois est au chômage. En Chine, le taux de chômage des jeunes dépassait 20 % en juin 2023.

C’est dans ce contexte que l’intelligence artificielle générative (IAG) entre en scène. Va-t-elle amplifier les inégalités d’accès à l’emploi ou ouvrir de nouvelles perspectives ? Une étude récente explore les implications de l’IAG sur la croissance, la transformation économique et l’emploi.


1. Une productivité accrue dans les services hautement qualifiés

L’IAG transforme profondément les emplois de services dits « de col blanc », majoritairement exercés par des diplômés. Contrairement aux technologies numériques précédentes qui se contentaient d’automatiser des tâches routinières, l’IAG génère du contenu, synthétise des idées et remplace certaines fonctions cognitives. Des analyses montrent que les secteurs les plus vulnérables sont la finance, les services professionnels, les technologies de l’information et de la communication. Ces métiers, très qualifiés, bien rémunérés et fortement digitalisés, sont en première ligne.


2. Une création d’emplois de qualité insuffisante dans les pays en développement

Avec le recul de la croissance industrielle dans les pays à faible revenu, l’espoir se tournait vers les services qualifiés. Mais ceux-ci ne parviennent pas à absorber la jeunesse diplômée. Même dans des pays comme les Philippines, le Mexique ou la Turquie, la part des services hautement qualifiés dans l’emploi reste inférieure à 10 %, loin derrière les 13 à 20 % observés dans les pays riches. En Inde et aux Philippines, les champions des services externalisés, ce taux plafonne à 3 % de l’emploi total.


3. Croissance économique ou déprofessionnalisation prématurée ?

Nos simulations révèlent que, sans adoption généralisée de l’IAG ou percée d’innovations majeures, son effet sur la croissance pourrait être limité à court terme. Pire, l’IAG risque de freiner l’expansion des services qualifiés, en réduisant la demande de main-d’œuvre intellectuelle. Le risque est celui d’une "déprofessionnalisation prématurée" : dans de nombreux pays en développement, le pic d’emploi qualifié pourrait survenir plus tôt et à un niveau de PIB plus bas que dans les pays développés.

Si les pays du Sud tardent à s’approprier l’IAG, ils pourraient perdre leurs avantages dans les services et l’industrie, et rester cantonnés à des secteurs peu productifs comme l’agriculture. À l’inverse, une adoption proactive et stratégique de l’IA pourrait stimuler de nouveaux pôles de compétitivité dans l’économie mondiale.


Une transition à piloter d’urgence

Pour les pays en développement, le temps presse. L’IAG, encore naissante, crée pour l’instant des besoins dans les métiers qualifiés. Mais cette fenêtre d’opportunité ne durera pas éternellement. La capacité à intégrer l’IA dans les politiques de formation, d’innovation et de transformation productive sera déterminante.

Les enjeux sont immenses : dans la prochaine décennie, 1,2 milliard de jeunes entreront sur le marché du travail dans les pays du Sud. Offrir à cette génération des perspectives d’avenir, c’est garantir une croissance inclusive, éviter les pièges du chômage et du sous-emploi, et répondre aux aspirations de milliards d’individus. L’avenir du travail se joue maintenant.


 
 
 

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