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Future Of Work Forum Africa : Bâtir un nouveau récit du travail et du management africains

  • 19 mai
  • 4 min de lecture



Mesdames, Messieurs, chers participants,


Alors que nous clôturons ces deux journées intenses et stimulantes du Future of Work Africa, il me revient l’honneur de vous proposer une synthèse transversale des quatre séquences qui ont structuré notre réflexion. Plus qu’une simple succession de panels, d’ateliers et de débats, cet événement nous a offert une plongée collective dans les grandes mutations du monde du travail, en particulier dans leur expression et leurs enjeux spécifiques pour l’Afrique.


Ce que nous avons exploré ensemble, c’est un nouveau récit du travail et du management africains – un récit en construction, qui conjugue lucidité sur les défis et confiance dans nos capacités d’innovation, d’inclusion et de transformation.


Temps 1 – L’entreprise du futur : naviguer entre tensions et synergies


Nous avons commencé par interroger les nouvelles configurations de l’entreprise du XXIe siècle en Afrique, à l’interface de pressions contradictoires : entre performance et impact, innovation et ancrage, agilité et stabilité. Les débats ont mis en évidence une réalité désormais claire : le management ne peut plus être pensé en silo. Il devient un art d’équilibriste, un jeu d’alignement entre vision stratégique et adaptation permanente. On ne pilote plus une entreprise comme un navire figé, mais comme un organisme vivant, en mouvement constant.

Les modèles d’organisation évoluent vers plus de flexibilité, de collaboration, de transversalité. Le leadership s’humanise, se transforme : il ne se mesure plus seulement à la capacité à décider, mais à celle de faire coopérer, de fédérer, d’engager. L’entreprise africaine du futur sera celle qui saura tirer parti des tensions, non pas en les évitant, mais en les transformant en moteurs de créativité. Elle sera aussi celle qui saura écouter les signaux faibles de la jeunesse, des territoires, des transformations sociales, pour inventer des solutions adaptées, locales, durables.


Temps 2 – Inclusion et politiques publiques pour le futur du travail


La deuxième séquence a ouvert un autre chantier essentiel : celui de l’inclusion comme levier de transformation structurelle. Nous avons entendu que l’inclusion ne peut plus être réduite à une case dans un rapport RSE ou à un indicateur social. Elle devient un facteur stratégique de résilience, d’innovation et de performance. C’est par l’inclusion des talents divers, des femmes, des jeunes, des personnes éloignées du marché formel que nos organisations pourront rester agiles et créatives face à la complexité.

Les politiques publiques ont ici un rôle déterminant à jouer : pour structurer les écosystèmes d’employabilité, accompagner les transitions, et garantir que la révolution du travail ne creuse pas davantage les fractures existantes.

Il est ressorti un appel clair : les entreprises et les pouvoirs publics doivent co-construire des réponses, penser ensemble des solutions pour faire émerger un marché du travail plus équitable, plus fluide, plus porteur d’opportunités.


Temps 3 – Métiers et intelligence artificielle : réinventer les compétences et les trajectoires


La troisième séquence nous a transportés dans le futur immédiat des métiers : un futur où l’intelligence artificielle n’est plus une abstraction, mais une réalité déjà à l’œuvre.

Plutôt que de s’en inquiéter, ce forum a permis d’en identifier les opportunités concrètes, en particulier pour la jeunesse africaine. L’IA va certes transformer les métiers, mais elle ne les supprimera pas tous ; elle en fera émerger de nouveaux, à condition que nous sachions accompagner cette mutation.

Ce changement suppose une reconfiguration profonde des compétences : les savoir-faire techniques bien sûr, mais aussi – et surtout – les compétences humaines, relationnelles, émotionnelles. Ce fameux human edge qui devient notre valeur ajoutée dans un monde partiellement automatisé.

Nous avons aussi exploré de nouvelles approches du leadership, du sens, de l’engagement. Le management du capital humain s’oriente désormais vers une gestion plus fine, plus attentive à l’expérience collaborateur, à l’intégration des jeunes, à l’individualisation des parcours.

L’enjeu n’est plus seulement d’être employable, mais d’être remarquable, singulier.e, capable d’apprendre à désapprendre et de se réinventer.


Temps 4 – L’intergénérationnel : un levier stratégique sous-exploité


Enfin, cette quatrième séquence nous a rappelé un élément fondamental, parfois négligé : la richesse du dialogue entre les générations.

Trop souvent, les discours sur les générations opposent plus qu’ils ne relient. Or, ce que nous avons entendu ici, c’est au contraire une conviction forte : le croisement des âges, des expériences, des visions est un levier formidable d’innovation managériale.

Les jeunes générations apportent leur énergie, leur agilité numérique, leur quête de sens. Les générations plus expérimentées, leur sagesse, leur capacité de recul, leur maîtrise des dynamiques longues. Ce n’est pas l’une contre l’autre, mais ensemble que se construit un management plus complet, plus équilibré, plus juste.

Cette intergénérationnalité doit être intégrée dans les pratiques RH, dans les processus de transmission, dans les logiques de gouvernance. Elle peut même devenir un marqueur d’identité positive pour les organisations africaines, qui ont toujours fonctionné, culturellement, sur la valorisation de la parole des anciens et la solidarité intergénérationnelle.


En conclusion


En synthèse de ces deux journées, je retiens cinq lignes de force :

• Le management africain se transforme : moins hiérarchique, plus collaboratif, plus ancré dans le sens.

• L’inclusion devient un moteur de performance, pas une option.

• L’IA est un accélérateur de transformation, à condition qu’elle soit domestiquée par l’humain.

• Le capital humain devient stratégique, et sa gestion repose sur l’écoute, la formation continue, l’accompagnement personnalisé.

• Le lien entre générations, loin d’être un obstacle, est un atout africain majeur à activer.


L’Afrique ne suit pas simplement les tendances mondiales du futur du travail. Elle a l’opportunité de forger son propre modèle, nourri par ses réalités, ses talents, ses traditions de solidarité, et sa formidable jeunesse.

À travers ces échanges, ce que nous avons construit ensemble, c’est une vision partagée : un futur du travail en Afrique plus humain, plus inclusif, plus durable – et surtout plus africain. Merci à toutes et à tous pour votre engagement. Continuons cette conversation, bien au-delà de ce forum.


Saad Laraqui

Directeur de recherches

de l’ESCA Ecole de Management

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